P.A.R.T.A.G.E
Avant de laisser nos neurones en paix pendant l'été, je voulais partager avec vous un texte que j'ai écrit et lu lors d'une soirée de discussion/réflexion à laquelle j'ai été convié. Puisque cela reste dans le thème de ce blog, je trouvais que cet écrit y avait sa place. Bonne lecture, bon soleil à tous et d'ici le mois de septembre, continuez à changer le monde !
P comme planète
Parce que nous n’en avons qu’une et que nous sommes de plus en plus nombreux, notre base d’observation du partage est devenue planétaire. La mondialisation des échanges tend à faire disparaitre la souveraineté des territoires, dans une logique théorique de partage des richesses, qui masquait finalement la ponction, par les uns, de la richesse des autres. Avant la grande accélération du XXème siècle, une population pouvait disparaitre ici ou là, parce qu’elle n’avait pas su gérer le bien commun de manière durable.
A la différence des habitants de l’île de Pâques qui ont coupé jusqu’au dernier arbre et provoqué la disparition de toute vie humaine, notre civilisation toute entière doit aujourd’hui mesurer le partage à l’échelle planétaire et non plus à l’échelle locale. Cet aspect est fondamental, puisqu’il ne permet plus de prendre la mesure de l’impact de nos consommations, il ne permet plus de voir que le mode de vie de certains privilégiés n’existe que parce qu’il prive une immense partie du monde de l’accès au simple minimum.
A comme arbitre
Alors qui pourra juger du bien et du mal dans ce contexte ? Les organisations internationales ? Le FMI, la Banque Mondiale ? Joseph Stieglitz, prix Nobel d’économie, l’explique très bien dans son livre « un autre monde » : la mondialisation est théoriquement une bonne chose, puisqu’elle est censée permettre un PARTAGE des richesses, l’ouverture aux marchés des pays économiquement pauvres et l’implantation des industries dans des zones délaissées jusqu’alors. Mais elle a été organisée par les riches et pour les riches, grâce notamment à ce triangle FMI, Banque Mondiale et Maison Blanche, tous trois situés à Washington. Cette organisation a permis aux plus riches d’aller piller les richesses des pays pauvres. Les fonds prêtés par le FMI et la Banque Mondiale le sont toujours sous des conditions qui les arrangent et de nombreux pays se retrouvent ruinés par la fuite des capitaux accumulés grâce à l’exploitation de leurs richesses. Il n’y a donc pas d’arbitre, juste la loi des marchés.
R comme ressources
Lorsque l’on évoque le partage, il est question de sentiments, de savoirs et savoirs faire, de ressources naturelles, de capital, de terres, etc. Certains ne se divisent pas mais se multiplient, telles que l’amour, les sentiments, les savoirs et les savoirs faire. D’autres, en revanche, sont en quantités limitées et devraient « théoriquement » être également partagées entre toutes et tous. Il s’agit par exemple de l’eau potable, de la biodiversité, des énergies de stock (fossiles et fissiles), des métaux et minerais. Le problème, c’est que les ressources naturelles n’entrent pas dans le champ de l’économie qui régie notre société. Les ressources naturelles n’ont pas de prix, elles sont donc considérées comme illimitées dans le cadre des sciences économiques, ce qui écarte, de fait, la nécessité du partage et de la sobriété.
T comme transition
Mais alors, si nous sommes toujours plus nombreux sur cette Terre, qu’il n’y a pas d’arbitre pour gérer l’équité et le partage du bien commun, comment l’humanité pourra-t-elle survivre alors qu’il faudrait 4 planètes pour que tout le monde vive comme un français moyen, ou 8 planètes pour vivre comme un américain ?
C’est tout simplement impossible et nous fonçons tout droit vers une transition choisie ou subie. La fin du pétrole bon marché va ralentir et raccourcir les échanges, conduisant inéluctablement vers une relocalisation et donc une gestion locale du bien commun. La fin de la croissance économique va rompre le pacte social qui impliquait que les plus pauvres acceptent que les riches soient toujours plus riches, en échange de quoi ils accédaient aux miettes et gardaient l’espoir d’une progression sociale. Enfin, la dépendance extrême des pays industrialisés aux énergies bon marché inversera probablement certains rapports de domination.
A comme alternative
Vision peu alléchante de notre futur me direz-vous. En effet, l’accumulation matérielle d’objets inutiles et la construction d’un mode de vie artificiel puisque non durable, nous conduisent forcément dans le mur, nous et tous ces peuples à qui nous avons promis un PARTAGE qui n’en était pas un.
Déjà les germes d’une vision nouvelle émergent. Fini le temps de la lutte contre un système injuste, les plus observateurs savent bien que les pieds d’argile du colosse sont en train de s’effriter, il n’y a plus qu’à attendre de le voir vaciller puis s’effondrer de lui-même. En attendant, certains ont déjà quitté le navire pour ne pas sombrer avec lui, construisant cette société de partage, de justice et de solidarité, ce que certains appellent « l’utopie ». Villes en transition, Colibris, entreprises solidaires, Terre de liens pour le partage de la Terre, Energie Partagée pour le partage de la production d’énergie, La Nef pour l’investissement solidaire, etc.
G comme global
Prenons de la hauteur et regardons le monde dans sa globalité. Reprenons la mesure de notre égoïsme, de notre impact sur la vie de ces peuples qui, non contents d’être nos esclaves et notre réservoir de ressources naturelles, nous observent sur la télé du village, les yeux pleins d’étoiles, en rêvant de fouler le sol de notre patrie. Nous avons détourné l’usage du mot partage pour masquer la dépendance. Nous avons rendu ces peuples dépendant de notre consommation et nous sommes devenus dépendant de leur production.
Prenons de la hauteur et admettons que les ressources s’épuisent et que nous sommes toujours plus nombreux, ce qui veut dire : toujours moins pour chacun d’entre nous. Sommes-nous prêts à réduire nos besoins pour permettre aux autres de survivre, ou irons-nous piller ce qu’il nous manque pour survivre quelques années de plus et finalement s’effondrer définitivement ? Sommes-nous tout simplement prêts à partager ?
E comme évident
Pour moi, c’est évident. Je réduis mon besoin car je sais que l’autre est indispensable à ma survie. Nous sommes des êtres sociaux qui ne peuvent se contenter de la solitude recluse. C’est pourquoi nous devons réinventer le vivre ensemble, sortir de l’esprit de compétition et entrer dans l’ère du vrai PARTAGE.
Les incroyables comestibles en sont une belle illustration: faire pousser des fruits et des légumes et les partager, sans rien attendre en retour. Juste pour le plaisir de partager et de renforcer ce lien qui doit faire de nous une communauté humaine, généreuse et solidaire. Le partage est la clé de voute de notre futur. Si nous partageons, ensemble nous irons loin. Si nous nous entêtons à préserver nos acquis matériels au détriment des autres, nous serons seuls responsables de notre perte.
Pour moi c’est évident, et pour vous ?
philou 17/01/2015 23:42
Marc MANIVEL 08/08/2013 20:27
Régis Bagard 11/07/2013 12:08
Vincent 10/07/2013 15:49
fc 09/07/2013 02:37