De la liberté d'expression aux politiques sécuritaires
Je n'ai pas peur du terrorisme, car j'ai statistiquement 50 fois moins de chances de mourir dans un attentat que d'être frappé par la foudre. Je n'ai pas peur de la diversité des cultures. Je n'ai pas peur des mosquées, ni d'aucun lieu de culte. Je n'ai décidément pas peur de l'étranger, de celui qui est différent de moi. D'ailleurs, je croyais que c'était ça que le peuple chantait dans la rue...
En fait, j'ai peur de notre propre réaction et de celles des gouvernants. Je crains que, tétanisés par le choc, nous manquions de discernement face à l'escalade sécuritaire. Pourtant, cette escalade est née d'une belle et grandiose réaction populaire qui disait: "nous n'avons pas peur, notre mode de vie ne changera pas pour satisfaire l'obscurantisme". Ah bon ?
Je me suis retrouvé comme beaucoup d'autres, sur une place de ma petite ville, entre la tristesse face à la mort et les rires pour faire honneur à l'humour et la dérision de Charlie. De nombreuses personnes ont chanté la Marseillaise, parfois sans se rendre compte qu'elle est un appel au sang et à la violence, c'est-à-dire l'inverse de ce que nous sommes venus plaider et partager ce soir-là.
J'y étais mais ce que je craignais le plus, ce n'était pas les futures folies barbares de quelques égarés, mais plutôt la réaction que ce drame allait engendrer.
Quelques jours ont passé et le pays semble avoir basculé dans une nouvelle phase, bien moins conviviale. Certains y voient une formidable union des forces et un élan patriotique, j'y entrevois plutôt une opportunité pour le gouvernement de montrer sa détermination et son sang froid, en fonçant tête baissée dans une logique sécuritaire, quitte à s'asseoir sur les libertés de chacun.
Désormais, il n'y a plus de pauvres, plus de récession, plus besoin d'un vrai projet de société, plus de licenciements et de courbe du chômage, plus de risque énergétique, de pic pétrolier, de changement climatique. Tout le monde est debout pour soutenir le déploiement de 10000 soldats dans toute la France, pour protéger militairement les lieux de culte, pour accroitre la surveillance dans les lieux publics et la censure sur internet, pour maintenir un climat de peur (à défaut de maintenir le climat tout court) et finalement, changer notre perception des réalités.
Est-ce vraiment une démonstration que les terroristes n'ont pas gagné et que nous n'avons pas peur ?
// A situation exceptionnelle, article exceptionnel ! La liberté d'expression est à la base de tout ce que je fais depuis des années. C'est donc un billet d'humeur et de circonstance //
mat 22/01/2015 12:27
Philippe L. 20/01/2015 09:05
Isabelle 18/01/2015 11:11
philou 18/01/2015 00:12
France19 14/01/2015 22:26
Blah 14/01/2015 23:25